En septembre 1961 et en mars 1962 a eu lieu un recensement des itinérants et des personnes d’origine nomade (Tsiganes).
Les ministres de l’Intérieur et de la Santé publique et de la population ont défini l’objet et les modalités de ce recensement dans une notice destinée aux commissariats de police et aux brigades de gendarmerie chargés du recensement.
Extrait de la « notice sur le recensement des populations itinérantes ou d’origine nomade »
L’existence de personnes vivant ou exerçant leur profession sur la voie publique, la présence dans certains quartiers bidonvilles de personnes d’origine nomade, traditionnellement connues sous les noms de bohémiens, romanichels, tsiganes, gitans, yennish, etc., sont à l’origine de nombreux problèmes qui intéressent ces personnes elles-mêmes, souvent misérables, et les personnes au milieu desquelles elles vivent.
Le gouvernement entend poursuivre à leur égard une politique constructive d’avenir. Il sera tenu le plus grand compte des désirs et des traditions légitimes. Des modalités de vie moins difficile, plus adaptées à l’état actuel de notre civilisation seront envisagées et proposées. L’action sociale sera amplifiée. Si certaines de ces personnes, les forains en particuliers, comptent parmi les Français les plus évolués, d’autres doivent faire l’objet d’une véritable promotion en ce qui concerne le logement, l’instruction, le travail. Pour résoudre ces problèmes et assurer sa promotion, il est nécessaire de disposer de données précises. Un recensement a donc été décidé. Il est destiné à fournir des informations statistiques entièrement anonymes. Il importe que les intéressés, entièrement anonymes. Il importe que les intéressés, qui devront être abordés avec toute la compréhension désirable, sachent que le recensement n’est pas organisé pour procéder à des contrôles individuels concernant par exemple l’identité, mais dans leurs seuls intérêts.
I.– DÉFINITION DES PERSONNES À RECENSER
Le recensement doit porter sur :
1) Les personnes vivant, au moment du recensement, en roulotte ou sous la tente pour des motifs, notamment professionnels, autres que de tourisme, de sport ou de santé. Ces personnes doivent être recensées même si elles ne vivent ainsi qu’occasionnellement, ont un domicile fixe et ne sont pas titulaires d’un des carnets de forain ou de nomades prévus par la loi du 16 juillet 1912 sur la réglementation des professions ambulantes (voir ci-dessous le cas particulier des cirques importants).
2) Les personnes titulaires d’un des carnets de forains de nomades prévus par la loi du 16 juillet 1912.
3) Les personnes appartenant à des groupes d’origines nomades dont les comportements diffèrent de celui des populations au milieu desquelles elles se trouvent : Bohémiens, Tsiganes, les Yennish, Kalderashs, Manouches, etc. (à l’exception des Nord-Africains musulmans non gitans), que ces personnes vivant en tribu, en famille ou isolément.
Toutefois, dans les bidonvilles et quartiers où se rassemble un nombre important de ces personnes, il devra, le cas échéant être procédé au recensement des individus (quelle que soit leur origine) qui mènent une vie semblable à la leur si la situation des uns et des autres est solidaire : il faut en effet que puissent être recueillies les informations nécessaires à une action sociale d’ensemble sur le quartier ou le bidonville. L’origine nomade de la famille ou de l’individu sera précisée sur les imprimés.
II.– CLASSIFICATION ADOPTÉE DANS LA PRÉSENTATION DES IMPRIMÉS
Les personnes recensées appartiendront souvent à deux ou trois des catégories ci-dessus définies. Aussi a-t-on adopté une autre classification fondée sur le degré d’itinérance ou de sédentarisation, mieux adapté à la nature des renseignements statistiques à recueillir :
a) Itinérants : se déplaçant de façon permanente.
b) Mi-sédentaires : voyageant une partie de l’année, généralement à la belle saison et hivernant chaque année dans un même lieu déterminé, où ils peuvent ou non disposer d’un logement.
c) Sédentaires : fixés localement, et ayant, en principe, cessé de voyager.
III.– DURÉE DU RECENSEMENT
Les opérations de contrôle se dérouleront au cours d’une semaine entière, du lundi au dimanche, qui sera fixée par circulaire.
a) Le recensement des itinérants et semi-sédentaires en cours de déplacement devra avoir lieu obligatoirement le premier jour de la période ainsi prescrite. Pour éviter les omissions et contestations, il importe, en effet, que ces personnes soient recensées à une date précise.
b) Les sédentaires et semi-sédentaires stationnant à leur point habituel d’attache, pourront être recensés durant toute la période considérée.